Les murs de nos églises comportent moults graffiti parmi lesquels on trouve croix, autels, noms de personnes enterrées dans le cimetière, animaux, lunettes (en signe de dévotion à Saint Clair), bateaux mais aussi personnages. Ils ne sont pas nombreux et se présentent sous quatre formes.
La première est celle des visages. Ils sont relativement nombreux mais il est très difficile de savoir s'ils ont été gravés pour garder en mémoire l'image d'un défunt mis en terre dans le cimetière proche ou s'il s'agit d'un voeu pour une personne que l'on apprécie et pour qui on vient prier. Les visages, vus de face ou de profil) sont souvent réalisés à partir d'un simple trait mais parfois des détails viennent agrémenter l'ensemble tel un chapeau ou des cheveux.
La deuxième est celle des anges, qui disposent d'ailes (en bleu, la 3ème ligne). Il s'agit d'une hypothèse quant au fait qu'il s'agisse d'anges. Mais la présence d'ailes est quand même un signe plus ou moins reconnaissable.
La troisième est celle des corps très stylisés. Assimilables à des dessins d'enfants, ils se composent de simples traits assez faciles à graver dans la pierre. Contrairement à ce qu'il est possible de penser, ils ne sont pas plus nombreux que les personnages plus stylisés, ce qui coupe court à toute hypothèse qui voudrait que les personnes font des bonhommes en bâton parce que c'est plus simple que les personnages complexes.
La quatrième est celle des véritables personnages, avec corps, vêtements et accessoires. Ces derniers sont très intéressants à découvrir car ils peuvent être identifiés à leur vêtement ou accessoires. Ces personnages sont souvent plus détaillés que les visages car le corps permet à leur créateur de les affubler d'armes, de vêtements, de chevaux... bref de les doter d'attributs. Ainsi, les deux personnages dessinés à Sainte Colombe la Commanderie sont des gendarmes du 19ème siècle. Les chapeaux sont aussi très instructifs.
La réalisation de ces graffiti dépend de la dureté de la pierre mais il est envisageable que la durée dépasse la journée et nécessite une présence ponctuelle forte sur le site. En tout état de cause, il est quasi impossible que ces motifs aient été gravés sans que personne ne voit l'auteur les réaliser.
Cela entraîne une prise de conscience par rapport à ces graffiti. Car, si ceux qui se trouvent à l'intérieur des églises étaient proscris par les prêtres qui veillaient à l'intégrité des lieux et à ce que les pèlerins ne « grattent » pas tous les endroits accessibles pour repartir avec un peu de pierre consacrée ou d'autres éléments des églises comme par exemple les reliques ; ceux qui se trouvent à l'extérieur étaient liés à une pratique « visible ».
Il serait audacieux de penser que cette pratique était pour autant favorisée car les graffiti sur les murs des églises ne dépassent pas les quelques centaines par églises, ce qui est relativement peu pour le nombre de décès ou d'habitants faisant des voeux.
Il est donc possible de penser que les graffiti étaient tolérés mais non autorisés. Les dessins les plus complexes demandaient donc une grande volonté de la part de leur concepteur car il était possible qu'on les voit et qu'ils aient donc à se justifier, devant le curé ou la communauté villageoise.