Les grotesques forment un courant artistique qui prend naissance en Italie au milieu du 16ème siècle. La beauté des formes et l'élégance des figures entraînent une large diffusion de ce style au travers de toute l'Europe. Les grotesques deviennent l'un des canons stylistiques majeurs pour les décors intérieurs ou extérieurs, les meubles ou autres ornements.
Les caractéristiques majeures de ce courant stylistique sont liées à la symétrie des figures autour d'un axe placé au centre de chaque compartiment à décorer (mur, pilier, caisson dans des portes...), l'étirement des éléments en longue ligne très finement sculptées dans le bois ou la pierre mais aussi en peinture et la création de figures humaines souvent mythologiques, de figures animales (lion, poisson, oiseau...), de figures hybrides (anthropomorphe telle sirène, centaure, sphinx...; zoomorphe mélangeant animaux terrestres et/ou marins ou aériens ; tératomorphes comme les dragons ; ou phytomorphe soit des figures humaines ailées). Le meilleur exemple, et même s'il ne s'agit pas d'une église, reste la façade du Pavillon d'entrée du Château de Gaillon.
Le jeu de pistes peut alors commencer afin de retrouver les éléments correspondant au même style dans les églises. Il est possible de les remarquer : sur les portes d'entrée, sur les autels ou retables, sur les charpentes... Il est possible d'en trouver dans certains décors de châteaux mais aussi dans les églises. Ce sont les piliers de retables ou les décors des autels qui en sont dotés, de même que les portes d'entrée. Le plus généralement, ces figures sont sculptées dans du bois et on peut encore voir aujourd'hui de très beaux éléments. Les voûtes lambrissées du Vexin Normand comporte également des grotesques dans les parties sculptées dans du bois noble (mais pas au niveau des merrains).
Les grotesques sont porteurs d’une créativité importante de par leurs formes mais aussi en termes intellectuels puisqu'ils étaient fondés -même si c'est seulement en dessin- des associations homme-animal très répréhensible, notamment par l'Eglise. Dès le Concile de Trente soit vers 1560, l'Eglise considère que les thèmes sont « dangereux » car ils évoquent des alliances contre-nature ; mais les défenseurs de ces figures tentent de faire reconnaître leur caractère purement esthétique afin de favoriser leur diffusion. C'est le cas aussi dans l'Eure même si les grotesques véritables sont rares. En effet, et notamment dans certaines églises, il est possible de trouver des traces de grotesques, mâtinées d'autres styles. Les formes symétriques et plutôt « merveilleuses » tendent à être soit relativement mal dessinées avec un dessin à la main plutôt hésitant ou naïf ; soit mélangées avec d'autres styles, comme les profils de visages d'hommes ou de femmes habillées avec des styles locaux. Les oiseaux existent également mais il n'est pas toujours possible de les associer à cette période de l'histoire des Arts.