Comment qualifier « l'identité normande » ? Elle est au coeur de nombreuses discussions ou écrits lorsque l'on recherche les fondements d'une doctrine en matière de constructions nouvelles et de rénovations aux abords des monuments historiques de l'Eure. De manière simple, trois caractères principaux existent : le pan de bois, la brique et la bichromie.
En ce qui concerne le pan de bois ou colombage, c'est véritablement la base de l'identité normande. Plusieurs éléments nous le démontrent comme par exemple c'est trois boîtes aux lettres qui reprennent les critères du colombage, ou bien encore tous ces magazines de vente immobilière qui font du colombage leur tête d'affiche en inscrivant « ma ison de caractère » ou bien encore « maison normande ». Et il est vrai que le colombage est un signe distinctif présent dans la quasi-totalité du département de l'Eure, de l'Est avec par exemple Lyons la Forêt ou Etrepagny jusqu'à l'Ouest avec les villes du Bec Hellouin ou de Cormeilles, du Nord avec Quillebeuf sur Seine au Sud avec Rugles. Dans certains cas, il est simplement lasuré ou vernis et dans d'autres secteurs, il est peint de manière coloré parfois de manière sobre mais aussi souvent désormais avec des couleurs plus tranchées comme le bleu azur, le rose flamboyant...
Le deuxième caractère identitaire est celui des maisons en briques, car c'est un matériau facilement réalisable sur place puisqu'il suffit d'argile et d'un four. Le sud du département en est particulièrement friand. Au fil du temps, on assiste à des différenciations avec briques rouges ou rosées et briques vitrifiées issues d'une cuisson trop importante, puis à partir du milieu du 19ème siècle, de briques jaunes ou briques émaillées ou vernissées qui rendent les façades plus décoratives. Notons également l'importance des pièces émaillées comme des épis de faîtage ou des pièces au-dessus des linteaux et des bandeaux.
Pour la bichromie, c'est une constante forte dans le département de l'Eure. La raison est bien sûr liée à la diversité des matériaux disponibles dans chaque secteur, avec le grison, la pierre de Vernon, la brique, le silex qui peut aller du blanc au noir en passant par le rose. Ces différents matériaux ont été mis en interaction au niveau des façades pour apporter un certain relief et une recherche architecturale qui perdure de nos jours. Ce caractère important doit être compris et ré-introduit dans les constructions réalisées actuellement aux abords des monuments historiques, grâce à des peintures différentes, des enduits bicolores, des choix de matériaux...
Et un dernier style apparaît dans nos campagnes, celui du patchwork de matériaux. Il est intéressant car lié aux effets du temps qui passe et est quasiment impossible à recréer d'une manière artificielle. C'est aussi cette diversité qui donne une ambiance si riche à nos communes. Il n'est donc pas nécessaire de vouloir démolir à tout crin pour faire neuf.